15 Settembre, 2002
Pourquoi j'ai accepté, par Bernard Kouchner (Le Monde) 19-05-2007
Conflits sociaux en France ou engagements extérieurs : j'ai toujours été et je demeure un militant de tous ces combats qui souvent ont fait la grandeur de notre pays.
Conflits sociaux en France ou engagements extérieurs : j'ai toujours
été et je demeure un militant de tous ces combats qui souvent ont
fait la grandeur de notre pays. Depuis 1968, au Biafra comme à l'ONU
et au Kosovo, en passant par Médecins sans frontières, Médecins du
monde et de nombreuses autres expressions de la société civile, j'ai
agi pour la défense des mêmes idéaux de solidarité et de progrès.
Ministre, je porterai haut ces valeurs de la diplomatie française.
En près de quarante ans d'action humanitaire et de batailles
politiques pour les droits de l'homme, nous avons fait bouger le
monde dans les domaines de la diplomatie, de la santé ou de la
protection des minorités. Nous poursuivrons demain nos efforts en
construisant une mondialisation plus juste, une Europe plus forte, et
en retrouvant pour la France l'ambition que lui assigne son histoire.
J'ai toujours été et je demeure un homme libre, militant d'une gauche
ouverte, audacieuse, moderne, en un mot social-démocrate. En
acceptant aujourd'hui de travailler avec des gens qui sur bien des
sujets ne pensent pas comme moi, je ne renie pas mes engagements
socialistes. J'ai participé à la campagne de Ségolène Royal et j'ai
voté pour elle aux deux tours de l'élection présidentielle parce
qu'elle me semblait représenter une chance pour la gauche. La France
a tranché : cette étape est maintenant derrière nous. Je continuerai
à réfléchir et à me battre, avec tous les esprits ouverts, pour
qu'existe enfin une social-démocratie française.
La politique extérieure de notre pays n'est ni de droite ni de
gauche. Elle défend les intérêts de la France dans un monde qui se
réinvente chaque jour. Elle doit être déterminée et novatrice. En me
faisant l'honneur de me proposer de diriger la diplomatie de la
France, le président de la République n'a pas imaginé que je devienne
sarkozyste. Certaines de mes convictions ne sont pas les siennes et
réciproquement. Voilà qui annonce, j'espère, d'heureux changements de
style, d'analyse et d'époque. Cela porte un beau nom: l'ouverture.
Je sais que certains de mes amis me reprochent ce nouvel engagement.
A ceux-là, je réclame crédit : mes idées et ma volonté restent les
mêmes. S'ils me prennent un jour en flagrant délit de renoncement, je
leur demande de me réveiller. Je garantis que ce temps n'est pas venu.
N'ayons pas peur de l'avenir ; regardons au-delà des cloisons
partisanes. Je fais partie d'un gouvernement réuni pour agir et être
utile à la France, à l'Europe et au monde. On me jugera sur mes
résultats.
Bernard Kouchner est ministre des affaires étrangères et européennes
Article paru dans l'édition du 20.05.07
 
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